Hellimer – Saint-Antoine (2020)

On a la certitude que l’orgue n’a pas été construit pour l’église actuelle. Cette dernière est en effet plus tardive, puisqu’elle n’a été construite qu’en 1740. En revanche, on ne connait pas sa provenance et plusieurs hypothèses peuvent être avancées.

S’agit-il de l’orgue de l’abbaye de Glandières, acquis à la Révolution ? Dans ce cas, s’agit-il réellement d’un orgue construit vers 1670 à Nancy par Jean Adam ou d’un orgue Legros ?

S’agit-il de l’orgue de l’abbaye de Glandières complété par des « tuyaux en plomb » amenés par le sieur Crétaille de Saint-Avold ? Il n’était en effet pas rare que les orgues aient été abîmés à la Révolution et ensuite complétés par des éléments provenant d’autres instruments.

S’agit-il d’un orgue de Jean Jodoc Vonesche construit vers 1720 et provenant de l’abbaye des Bénédictines de Saint-Avold ? On ne trouve aucune trace de la vente de cet orgue.

Enfin, s’agit-il d’un orgue de Claude Legros, de provenance inconnue, construit dans les années 1690-1700 ? Cette hypothèse serait parfaitement crédible au regard du matériel conservé. Mais on ne connait actuellement aucune archive parlant d’un orgue vendu ou disparu pouvant correspondre avec celui de Hellimer.

Néanmoins de nombreux éléments de sa facture plaideraient en faveur de cette dernière hypothèse, peut-être avec un grand buffet légèrement antérieur. L’examen des pièces lors de la restauration n’a pas réussi à lever les doutes sur la provenance de l’orgue.

Si on peut avoir l’assurance que l’orgue de Hellimer contient des tuyaux Legros, l’énigme sur la provenance de l’orgue de Hellimer n’est pas résolue pour le moment et ne le sera probablement jamais, les archives n’ayant pas été le souci premier des révolutionnaires.

Quoi qu’il en soit, l’instrument était bien présent en 1807 dans l’église actuelle puisque le curé de l’époque note sur un questionnaire retourné à l’évêché : « Au reste nous avons ici une orgues. On la joue aux messes et aux vêpres ».

Après son arrivée à Hellimer, les archives permettent de suivre l’évolution de l’orgue avec différentes dépenses inscrites au budget.

En 1854, Pierre Rivinach effectue des travaux plus importants, qui sont chiffrés à 3 740 F.

On a le détail des transformations subies par l’instrument :

  • Le buffet a été élargi par deux plates faces pour y installer les basses de Montre 8
  • Les claviers ont été complétés de 48 à 54 notes.
  • Les mécanismes du grand-orgue et du positif ont été reconstruits
  • Un pédalier de quatre jeux a été ajouté.
  • La composition des jeux a été mise au goût du jour.
  • La soufflerie a été reconstruite.

C’est de 1854 que date également la mise en peinture du buffet, probablement en faux bois.

Une deuxième intervention importante eut lieu en 1886, confiée à la maison Verschneider. Après le décès de Jean-Frédéric Verschneider et de son fils, c’est en réalité Xavier Glock mécanicien de la maison Cavaillé-Coll qui dirigea les travaux.

Est-ce réellement un instrument de la maison Cavaillé-Coll, initialement prévu pour une maison religieuse de la région parisienne qui fut installé dans le buffet élargi à Hellimer ?

C’est du moins ce qui est écrit dans une note plus récente trouvée au presbytère. Il reste néanmoins surprenant que la maison Cavaillé-Coll ait conservé une partie importante de la tuyauterie plus ancienne et notamment les quelques jeux d’origine restitués par Willy Meurer.

Peut-on avoir l’assurance que ces jeux proviennent bien de l’orgue de Hellimer ?

La façade a été réquisitionnée en 1917 par les autorités allemandes et remplacée dans l’entre-deux-guerres. L’instrument a subi des dégâts pendant la Deuxième Guerre mondiale. De nombreux tuyaux de façade ont été endommagés par des éclats d’obus, tant au positif qu’au grand-orgue.

À partir de 1970, un projet de restauration vit le jour. Plusieurs devis furent établis, sur les conseils d’Albert Raber. Le nom d’Alfred Kern qui s’était illustré à Saint Quirin fut avancé.

Malheureusement, le curé Bureth confia les travaux à Willy Meurer, qui ne réalisa qu’une première tranche de travaux, laissant l’orgue inachevé.

D’après le témoignage de Pierre Brossard, historien de l’orgue, qui avait vu le buffet dans les ateliers de Willy Meurer :

« Les montants de la console d’origine étaient encore présents et certaines étiquettes étaient encore lisibles : il y avait une quinte 1 1/3′ au GO donc un larigot mal nommé. On trouve cela en effet sur des orgues de la région qui possédaient un tout petit positif de trois octaves seulement. On connait ceci de Jean Adam et de Claude Legros entre autres. »

En 1986, alors que la restauration était à nouveau à l’ordre du jour, W. Meurer rapporta les tuyaux en métal anciens qu’il avait conservés dans son atelier. Malheureusement, les tuyaux en bois qui avaient été démontés en 1970 avaient déjà été brûlés.

Depuis le printemps 2020, l’orgue est à nouveau doté d’un second plan sonore, installé dans le buffet du Positif. Cette reconstruction nous a été confiée par la commune de Hellimer, tandis que le grand buffet a simplement été relevé. SI les apports de Meurer ont été conservés, le Grand-orgue a été judicieusement complété par les jeux du XVIIIème, conservés au presbytère depuis 1986.

Composition des jeux
Grand-orgue
(50 notes)
Positif
(50 notes)
Pédale
(30 notes)
Montre 8'Bourdon 8'Tirasse I
Bourdon 8'Montre 4'Tirasse II
Prestant 4'Nasard 2'2/3
Flûte à cheminée 4'Doublette 2'
Doublette 2'Tierce 1'3/5
Plein-jeu V rangsCymbale III rangs
Dessus de cornet VCromorne 8'
Trompette 8'
Clairon 4'
Accouplement I/II
Tremblant I/II

Cet article a été rédigé à partir du Dossier des ouvrages exécutés, remis à la DRAC. Les éléments historiques sont issus des connaissances de Pierre Brossard et de l’Inventaire des Orgues de Moselle.