L’église protestante Sainte-Marguerite de Riquewihr accueille en sa tribune un orgue Stiehr de 1852 dans un buffet fin XVIIIème de Christian Langes.
Des travaux mineurs ont été réalisés durant le XXème siècle si bien que l’instrument a conservé toute sa substance sonore Stiehr.
La restauration souhaitée par la commune de Riquewihr en accord avec les monuments historiques consistait à revenir au plus proche de l’orgue de 1852 :
La façade, réquisitionnée durant la Première Guerre mondiale avait été reconstruite par Schwenkedel dans les années 20. Grâce aux traces sur les chapes anciennes et les râteliers, nous avons pu reconstruire une façade neuve, selon les techniques de Stiehr, mais en restituant partiellement l’aspect de Langes, notamment au positif.
Le reste de la tuyauterie a été plutôt très bien conservé dans son état d’origine et n’a nécessité qu’une restauration mineure.
Dans les années 50, la pédale avait été portée à 30 notes au lieu des 25 d’origine. Pour intégrer le pédalier « moderne », des montants de la console avaient alors été largement entaillés. Nous avons reconstitué un pédalier Stiehr de 25 notes avec des éléments anciens conservés. Le banc qui avait également été élargi pour s’adapter au pédalier de 30 notes a été restauré. Par ailleurs, les travaux sur la console ont consisté en une restauration des claviers qui avaient pris beaucoup de jeu avec le temps. Les éléments électriques disgracieux ont été ôtés pour rendre à la console son aspect originel. Les étiquettes de Stiehr ont été conservées, malgré les nombreux graffitis des précédents organistes.
Les sommiers de Stiehr ont traversé 170 années sans montrer de faiblesse importante. Il a toutefois été choisi de les amener dans nos ateliers pour en assurer un contrôle complet, supprimer les quelques emprunts perceptibles et remplacer les pièces d’usure telles que les peaux des soupapes et des boursettes.
Une grande partie du travail de restauration a consisté en la création de trois soufflets cunéiformes. Ces derniers avaient en effet été remplacé par un soufflet à tables parallèles posé probablement par Schwenkedel. Ils ont été construits sur modèle des soufflets de Langensoultzbach, témoins uniques qui nous soient parvenus de la facture Stiehr.
A ces travaux se sont ajoutés toutes les tâches incontournables d’une restauration d’envergure, comme le nettoyage complet de l’instrument, une restauration de nombreux éléments mécaniques, un contrôle et une étanchéisation des circuits de vent…
Composition des jeux | ||||
Positif de dos (54 notes) | Grand-Orgue (54 notes) | Récit expressif (54 notes) | Pédale (25 notes) | |
Bourdon 8′ | Bourdon 16′ | Bourdon 8′ | 1. Contrebasse 16’ | |
Salicional 8′ | Montre 8′ | Salicional 8′ | Flûte 8′ | |
Flûte traversière 8′ | Bourdon 8′ | Fugara 4′ | Violoncelle 8′ | |
Montre 4′ | Flûte majeure 8′ | Voix humaine 8′ | Flûte 4′ | |
Flûte 4′ | Cor des Alpes 8′ | Ophicléide 16′ | ||
Jeu céleste 4′ | Viole de Gambe 8′ | Trompette 8′ | ||
Flageolet 2′ | Prestant 4′ | Clairon 4′ | ||
Cromorne 8′ | Flûte à cheminée 4′ | |||
Nazard 2’2/3 | ||||
Doublette 2′ | ||||
Cornet V rgs | ||||
Fourniture IV rgs | ||||
Trompette 8′ | ||||
I/II | Basson-Hautbois 8′ | Tremblant doux |
Les travaux d’harmonie ont été réalisés en respectant le timbre originel de chaque jeu, encore bien identifiable. Le diapason est de 415Hz à 15° et le tempérament est égal.
C’est là l’une des plus belles synthèses sonores de Stiehr : une harmonie sublimée par le buffet d’Ancien Régime.